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► La scène se passe au Saint-Veronica hospital (fictif et déjà vu puisque Pointsman et Spectro y travaillent. L’hôpital recueille des victimes de la fusée V2). Slothrop y a été convoqué dans l’épisode 4. Difficile de donner une date. C’est peut-être le 18 décembre même ou le lendemain. Ou peut-être hors du temps. On peut légitimement se poser la question.
Mais l’ensemble de l’épisode (un long délire) débute à Boston en décembre 1939.

Rappel épisode 4 : Slothrop a reçu le matin du 18 décembre (avant de se rendre sur le lieu où la fusée V2 est tombée et où Pirate ira récupérer un message dans un cylindre de graphite) un ordre de mission qui lui demande de se rendre à l’hôpital Sainte-Veronica, dans l’East End de Londres, pour être affecté comme sujet à un programme d’essai de l’organisation PISCES (basée à The White Visitation, sur la côte d’Ick Regis, comme vu précédemment).
Ce programme est le PWE. (PWE = Political Warfare Executive = Pendant la Seconde Guerre mondiale, le PWE était un corps clandestin britannique créé pour produire et diffuser une propagande raciale (basée sur de soi-disant soldats noirs qui se trouveraient dans l’armée allemande) dans le but de saper le moral ennemi et de soutenir le moral des pays occupés – inspiré de Wikipedia)

Tout le chapitre est un délire de Slothrop dû à l’injection de Sodium Amytal, plus connu sous le nom de «sérum de vérité». Il débutera autour de Malcom X en décembre 1939 à Boston.

► Le délire commence avant même l’injection d’Amytal avec deux courts épisodes :
1 – Un échange de courrier entre Tyrone Slothrop du “quartier d’abreaction de l’hôpital Sainte-Veronica de Londres” et un certain “Kenosha Kid” de la ville de Kenosha, dans le Wisconsin, USA. Mais c’est déjà une variation autour de la phrase “You never did the Kenosha Kid” qui cloturera d’ailleurs l’épisode.
→ Slothrop au Kenosha Kid : Est-ce que je vous ai déjà embêté ?
→ Le Kenosha Kid répond : Non.

(“You never did”). Signé, le Kenosha Kid (“The Kenosha Kid”) – Dans l’original, en anglais, si on colle : “You never did” “the Kenosha Kid”.
[Ça va d’ailleurs être une partie du problème de cet épisode 10, il est quasiment intraduisible, puisque Pynchon joue avec cette phrase jusqu’à la tourner dans tous les sens comme un anagramme. Je ne suis pas sûr qu’il existe d’ailleurs un lecteur sachant vraiment ce que signifie cette phrase. Elle semble laisser tout le monde perplexe…]

2 – Puis des échanges autour de la “danse du Kenosha Kid” (qui n’existe pas) et d’autres danses comme le Charleston ou le Big Apple. Là aussi, en anglais, il y a tout un tas de variations autour de la phrase “You never did the Kenosha Kid”.
“Petit malin” et “Vieux con” sont dans l’original “Smartass Youth” et “Old veteran hoofer”, c’est-à-dire plus ou moins “jeune cul-malin = petit malin” et un vieux danseur professionnel qui a raccroché (hoofer).

NB : À noter que le délire commence donc avant l’injection d’Amytal. Ce qui peut signifier que Slothrop est déjà en état de “dépolarisation” (comme dirait Pointsman). L’abréaction commence peut-être sous l’impulsion seule de l’environnement expérimental particulier qui renvoie Slothrop à de lointains souvenirs (réflexes) enfouis “beyond the zero” et subitement réactivés.

► Par les dialogues autour des danses, on se rapproche du lieu où débutera le délire : la “salle de bal de Roseland”, sur Massachusetts Avenue, à Roxbury, quartier noir au sud-ouest de Boston. Le quartier a été fondé par William Pynchon en 1630, ancêtre de l’auteur, qui rejoint ainsi William Slothrop, premier ancêtre de Slothrop à avoir traversé l’Atlantique (voir épisode 4).

► PISCES (probablement le Dr Rozsavölgyi qui s’occupe du lieutenant Slothrop – épisode 12 p88) annonce à Slothrop qu’ils aimeraient encore parler de Boston (manifestement, Slothrop n’en est pas à son premier essai ce qui pose quand même des questions de temporalité…). PISCES demande à Slothrop où il se trouve actuellement, s’il voit quelque chose. Il ne voit pas vraiment, mais il a des sensations. Puis il commence à voir : “Allons-y les gars, mais pas trop” (envoyez l’Amytal, mais pas trop).

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PARTIE I : Au Roseland Ballroom de Roxbury.

► Il découvre une salle dans laquelle des étudiants blancs de Harvard font la fête. Les barmens sont antillais ou noirs. Slothrop ne voit pas son propre visage (dans les miroirs peut-être). C’est le regard posé sur lui d’une femme (qui se retourne à une autre table – le fameux “turning head”) qui lui permet de comprendre ce qu’il est. Il a un harmonica dans sa poche.

Le « turning head » de Betty Grable en 1949 par exemple

► On retrouve Slothrop, en haut de la salle de bal, où se trouvent les toilettes. Il est en train de vomir. En se penchant sur la cuvette des WC, l’harmonica tombe dans la canalisation et disparaît. Dilemme : “ou bien il perd son harmonica et ses chansons argentées, ou bien il faut qu’il le suive”.

► Présence de Malcom X sous le surnom “Red, le cireur noir”.
Mais le paragraphe digresse sur une ode à Charlie Parker mort trop tôt, à 35 ans, en 1955. [Là, il faut lire Weisenburger et le Wiki pour saisir toutes les références]. Charlie Parker n’a que 19 ans ce soir de décembre 1944 lorsqu’il va trouver comment jouer en pratique ce qu’il entend dans sa tête mais qu’il ne sait pas encore exécuter techniquement. C’est un soir de concert à New-York au Dan Wall’s Chili House (Harlem) en jouant sur «Cherokee» (« un mensonge de plus sur les crimes blancs » écrit Pynchon) qu’il aura le déclic : cette demi-mesure très spéciale que Pynchon compare à la voix des Munchkins du Magicien d’Oz.

► On revient sur Slothrop en train de vomir dans sa cuvette de WC. Il entend des noirs qui entrent dans les toilettes et qui se préparent à le sodomiser. Ils essaient de l’attraper mais il s’enfonce de plus en plus profondément dans la cuvette jusqu’à finir par y plonger entièrement.

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PARTIE II : Dans les canalisations puis dans la région désolée.

► Dans les canalisations souterraines des toilettes, il file vers l’Atlantique et découvre en chemin, collées aux parois, des merdes incrustées qu’il est capable de relier à certaines de ses connaissances. La chasse est tirée et “une avalanche de merde, de vomi, de papier hygiénique” se précipite sur lui et l’emporte.

► Puis le tourbillon se calme. “La perspective semble s’éclairer un peu, comme l’aube” (mais c’est une lumière verte). Il atterrit peu à peu dans une région désolée (un matin de Pearl Harbor, “le déclin, la chute, s’attaquent silencieusement à ce paysage”), où se trouvent des demeures habitées et complexes. “Un abri contre les désastres […] contre autre chose dont ce pays a dû terriblement souffrir, et que ce pauvre Slothrop ne peut ni voir ni entendre”.

► Les gens veulent le faire entrer, mais il ne peut pas, quelque chose l’en empêche : “entrer, ce serait comme d’accepter quelque pacte du sang. Ils ne le laisseraient plus repartir. Rien ne garantit qu’on ne lui demanderait pas de faire quelque chose… quelque chose de si…”

► Tout autour de lui, des objets divers montent et descendent en cadence à une certaine hauteur puis retombent brutalement au sol.

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PARTIE III : Crutchfield ou Crouchfield, the Westwardman (l’homme de l’Ouest).

► Voici Crutchfield, pas un archétype du cow-boy, mais “le seul […] il ne s’était jamais battu qu’avec un seul indien”. Dans ce monde-là, il n’y a pas d’opposés : “la structure n’était peuplée, à ce niveau, qu’à une unité”. Un seul exemplaire de chaque élément. “Une moitié d’arche de Noé”. Pas de nécessité de reproduction, donc un monde immuable. Sauf que ça ne s’applique qu’aux êtres vivants et non aux objets.

► Crutchfield est bruni par le soleil et la saleté. Mais il se détache tout de même du fond brun de la grange et de l’écurie. Il est “fait d’un bois différent, d’un autre grain”. Le brun est sur fond pourpre des montagnes. Crutchfield est face au soleil qui projette son ombre à l’intérieur de l’écurie. Quelqu’un joue Red River Valley à l’harmonica derrière une grange. Digression sur ceux qui veulent absolument donner une signification au rouge (Red).

► Le petit copain de Crutchfield (Crutchfield qui baise avec tout ce qu’il trouve sauf le serpent à sonnette) sort de la grange, “c’est Whappo, un mûlatre de Norvégien”. Whappo a des tendances masochistes fétichistes qui tournent autour du cheval puisqu’il “adore qu’on le fouette avec un fouet en cuir dans les selleries qui sentent la sueur et le cuir”. Whappo porte un pantalon de cow-boy en cuir de gazelle, un bandeau pourpre et vert, et un haut-de-forme de soie japonaise par-dessus.

► Tiens, Crutchfield, “c’est gentil de te montrer”. (Crutchfield serait-il difficile à voir ?). Crutchfield répond : “tu savais bien que je me montrerais”. Il ne se montre que dans certaines conditions.

► Le “Toro rojo va se mettre en route ce soir”. “Taureau rouge” est l’Indien contre qui se battra Crutchfield. Crutchfield le tuera. Toro rojo a un chien avec lui qui se battra avec Whappo. Whappo sectionnera sa jugulaire et le vendra, pendu à des crocs de boucher, au marché de Los Madres. Slothrop bascule dans le marché de Los Madres. Description.

► Mais il semble alors peu à peu sortir de son délire. Des questions surgissent qui le ramènent lentement à la surface. Des questions probablement posées par les médecins de l’hôpital Sainte-Veronica.
→ Question (Pisces): Ne devrait-il pas y avoir un seul indien ?
→ Réponse (Slothrop) : Mais c’est le cas : “une Indienne de race pure, une mestiza…”.
→ Question (Pisces): Mais alors, les gens de Boston, Londres, etc. Sont-ils réels ?
→ Réponse (Slothrop) : Certains oui, d’autres pas.
→ Question (Pisces) : Est-ce que les vrais sont nécessaires ou pas ?
→ Réponse (Slothrop) : Ça dépend de ce que vous voulez dire.
→ Question (Pisces) : Merde, je ne veux rien dire.
→ Réponse (Slothrop) : Nous si. (le Nous est en italique. Slothrop relié aux Indiens)

► Slothrop “voit” les morts des Ardennes (bébés roses dans la neige) qu’il faudra renvoyer à leurs familles, puis les carillons de Noël annoncent la bonne nouvelle, neige dans les rues obscures de Roxbury (retour au noir et blanc = “suie en négatif”), traces de pas sur le sol, “la trace d’une histoire qu’il n’a pas remarquée”.

► Dans l’ombre de Beacon street, à Roxbury, Slothrop a rendez-vous avec le Kenosha Kid. Il ne trouve qu’un agent au visage noir et blanc. Où est le Kenosha Kid ? Je ne le vois pas.
→ Le Kid s’est fait avoir. Il n’y a que moi : Never. Vous ne me reconnaissez pas ?
→ Ah oui, Never ? Le Kenosha Kid ?
= You, Never ? (a pause) Did the Kenosha Kid ?

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