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La gravité de Pynchon – Tout un programme

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Mettons tout de suite les choses au point : je ne suis pas angliciste.

Je n’ai donc aucune légitimité pour me lancer dans un travail comme celui-ci.

Et pourtant, je vais le faire. Parce que j’aurais aimé trouvé un site comme celui que je m’apprête à construire. Un site où il ne sera pas question de théorie littéraire (j’en suis bien incapable) mais seulement de Gravity’s Rainbow ( « L’arc-en-ciel de la gravité » en français), ce livre incroyable et quasi incompréhensible, pris chapitre par chapitre, à la dure, pour que le néophyte n’abandonne pas au bout de vingt pages, puisse toujours s’appuyer sur une béquille numérique, et trace peu à peu sa route dans un roman grandiose comme seuls les Américains sont capables d’ en construire.

Mon amour pour ce livre a commencé à la sortie de Mason & Dixon en France, autour de 2001-2002, à l’occasion de la rediffusion estivale d’une émission des Jeudis Littéraires animée par la regrettée Pascale Casanova (il faut lire cet incroyable et magnifique entretien ) sur France Culture et offert à Thomas Pynchon, alors inconnu de ma bibliothèque.

 

Pascale Casanova, en 2011. HERMANCE TRIAY / ©HERMANCE TRIAY/OPALE/LEEMAGE

Je découvre ce jour-là qu’il existe un auteur que tous les auteurs américains contemporains définissent comme leur père spirituel et que cet auteur ne montre pas son visage. Je découvre aussi – et surtout – qu’il a écrit un roman inspiré d’une opération américaine dont j’ignorais tout à l’époque : l’opération Paperclip . Autant dire que je suis ressorti de ces Jeudis Littéraires déniaisé pour le restant de mes jours.

Mais je ne crois pas m’être lancé dans l’aventure Pynchon tout de suite.

Il a dû se passer deux ou trois ans. Deux ou trois ans durant lesquels le nom de Thomas Pynchon, et plus encore le merveilleux titre de son livre, L’Arc-en-ciel de la gravité , profondément mystérieux et poétique – d’une poésie toute scientifique – me tournèrent dans la tête jusqu’à ce que je finisse par trouver le temps de me confronter au monstre de 1973.

Je n’ai pas tout de suite réussi à le lire en entier. J’en ai d’abord parcouru les trois premiers quarts sans rien comprendre (mais avec passion, parce que le style emporte tout), puis j’en ai relu les trois premiers quarts le stylo à la main, plus tard, sans pour autant arriver au terme du livre… et en y comprenant tout de travers. J’ai lu mes notes de 2005. Une catastrophe.

Dix ans plus tard, à l’été 2017, je plongeai à nouveau dans le roman, mais avec quelques armes cette fois-ci, deux armes en particulier :

1 – Le Wiki américain sur Pynchon
2 – Le guide de Weisenburger

Tout en anglais, bien sûr. Pas évident avec un niveau 3ème…

Mais Google Traduction a déjà commencé à faire ses preuves, il traduit Pynchon n’importe comment, mais se débrouille pas mal pour le Wiki et Weisenburger ; je ne lui en demande pas plus.

Subitement, je comprenais tout (ou à peu près, parce qu’en vérité, le fond est insondable. Mais c’est une autre histoire). La lecture restait difficile, mais extrêmement agréable. C’est ainsi que mes notes devinrent nickel pour quasiment toute la première partie. Mais je n’ai pas eu la force de les continuer pour les parties suivantes.

En 2017, malgré mes notes et le fait que je comprenais beaucoup mieux ce que je lisais, la dernière partie se refusait toujours à moi. Je finissais par croire que j’étais maudit, ou pour dire les choses plus lucidement, limité dans mes moyens. 

Et puis arriva l’hiver 2022.

Le Dr Wernher von Braun, l’un des leaders du programme américain de vols spatiaux, s’est promené sur la lune, 1969 – Humour de la NASA

Je m’y étais encore pris différemment. Je ne vais pas expliquer comment, mais j’avais réussi à copier le texte ainsi que ses commentaires dans mon téléphone, puis à les lire et à les travailler en direct au fond de mon lit.

Je découpais tous les paragraphes, je mettais des virgules, des points, des retours à la ligne, je transgressais l’œuvre sacrée dans la plus grande jouissance, je n’avais plus aucun respect pour le texte, je me battais contre lui et avec lui, je le défaisais pour qu’il s’ouvre enfin à moi. (Ce n’est pas rien de modifier le texte d’un grand auteur. Je conseille toutefois l’exercice, mais dans le plus grand secret. Ce n’est pas bien vu… et avec raison).

Il serait prétentieux de considérer que j’ai gagné la partie, que j’ai vaincu Moby Dick, mais la baleine m’a laissé parcourir son âme du début à la fin. 20 ans de lutte. Je ne suis pas peu fier.

Aujourd’hui, j’ai envie de reprendre mes notes de la première partie, et de les mettre en ligne. Puis de continuer mon petit travail de déchiffrage, pour les parties suivantes, et pour le plaisir de rencontrer des personnes dévorées par le même genre de névrose.

Petite précision pour finir : ces notes ne sont pas des reprises du Wiki ou de Weisenburger (sauf exceptions par-ci par-là, peut-être) et elles n’ont pas valeur de référence. Il y a de grandes chances qu’elles soient bourrées d’erreurs, même si ça n’a rien à voir avec mes notes de 2005 (que je ne montrerai jamais à personne) donc il ne faudra pas hésiter à venir me contrarier si nécessaire. J’ai un ego assez solide, mais il se laisse parfois attendrir, pour peu qu’on le prenne par les sentiments. Et puis je ne suis pas angliciste, donc je fais un gros complexe d’infériorité ; je ne joue pas au plus malin bien longtemps.

Tout ça pour dire que j’espère surtout du partage et de l’échange autour de L’Arc-en-ciel de la gravité

Le plus grand livre de la seconde moitié du XXe siècle.

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NB : Je peux prouver que je suis un passionné. Voici la coque de mon téléphone :